Solstice d'été

Après un petit coup de mou post-@desertusbikus et @gravelbirds.cc, on sentait le besoin de se recentrer, de retrouver notre terrain de jeu quotidien. Et quelle bouffée d’air frais ça a été ! Le moral est remonté en flèche, prêt à repartir à fond.

L’idée était simple et belle : profiter pleinement de cette journée unique du solstice d’été, avec son soleil qui se couche tard, pour s’offrir une belle échappée, libre et légère, sans autre contrainte que celle de suivre nos envies, au rythme du moment.

Ce n’est jamais évident de revenir chez soi. Même quand on aime sa routine. Même quand on est entouré des bonnes personnes, dans un cadre qu’on a choisi, dans une vie qu’on aime. Mais parfois, après avoir vécu quelque chose de fort, d’extraordinaire — une aventure à vélo, un voyage qui secoue, une échappée qui touche quelque chose d’essentiel — revenir à la normalité peut laisser un petit creux. Un vide doux-amer. On roule sur les mêmes routes qu’avant, on reprend les sentiers qu’on connaît par cœur… mais quelque chose a changé. Ou peut-être que c’est nous qui avons changé. Et ces chemins familiers semblent soudain un peu plus ternes. Comme si l’intensité de ce qu’on a vécu ailleurs projetait une ombre sur le quotidien.

Mais avec le temps, on comprend que ce creux-là est précieux. Il ne veut pas dire que notre quotidien est insuffisant. Il dit juste qu’on a vécu quelque chose qui a compté. Quelque chose qui laisse une empreinte, qui continue de résonner en nous une fois rentrés.

Alors on pédale quand même. Sur les routes qu’on connaît. On les regarde autrement. On les laisse nous porter à nouveau. Jusqu’au moment où, sans s’en rendre compte, on se surprend à sourire — à ressentir à nouveau cette joie simple d’être là, sur le vélo, même tout près de chez soi.

Et on sait qu’un jour ou l’autre, on repartira. Vers une autre aventure, un autre horizon, une autre ligne tracée quelque part sur une carte ou juste dans la tête.

Et ce jour-là, pour le solstice d’été 2025, j’ai choisi de rouler entre l’Ariège et l’Aude. Pas si loin de la maison, ni de l’atelier Velocidade. Un coin que je connais bien, que j’aime profondément. J’aurais pu me dire que ce n’était pas assez "loin", pas assez "nouveau"… mais j’ai préféré voir autrement.

Et je me suis régalé, du matin au soir. 306 kilomètres au compteur, chaque heure pleine, chaque moment ancré dans le présent. Ce n’était pas un défi. Ce n’était pas une fuite. C’était un hommage à ce territoire qui m’entoure. À ce corps qui roule. À cette liberté d’aller loin, sans aller loin.

Le but ultime, ce jour-là, c’était de créer un souvenir chez moi, en Ariège. Un de ceux qui restent. Un de ceux auxquels on pense en plein hiver, ou quand les jours raccourcissent. Un souvenir pour me rappeler qu’on peut aussi toucher "là-haut" — pas besoin d’un col mythique ou de partir loin. Il suffit parfois d’ouvrir la porte, de prendre le vélo… et de commencer à pédaler.